Circulaire de Rentrée 2022

06-09-2022

Circulaire de Rentrée 2022 Une politique de continuité

1. Les annonces principales de la circulaire :

Mise en place d’un débat sur l’école, généralisation de l’expérimentation marseillaise, maîtrise des savoirs fondamentaux, évaluations nationales, poursuite des dédoublements …
La circulaire annonce sans en préciser les contours la mise en place de “réflexions collectives” locales à la rentrée qui auront pour objectif de faire évoluer les projets d’école.

Dans la continuité de l’expérimentation marseillaise, des moyens supplémentaires pourront être attribués en appui aux « innovations locales », “pour construire l’école du futur” là encore sans préciser la façon dont cela se mettra en place et en quoi consiste cette école du futur.
La maîtrise des savoirs fondamentaux est confirmée  comme « objectif prioritaire », et se décline autour d’un pilotage renforcé par les évaluations nationales.

La circulaire annonce, sans donner vraiment d’indications, que l’école maternelle sera au cours de l’année 2022-2023 l’attention “d’un nouvel investissement pédagogique”.
Priorité continue d’être donnée au français (lecture, écriture) et aux mathématiques à l’école élémentaire. Respecter autrui est renvoyé au paragraphe “Une école fondée sur le respect de l’autre” et n’apparaît plus dans les fondamentaux. Par ailleurs, aucune mention n’est faite dans la circulaire des autres disciplines enseignées à l’école : histoire, géographie, sciences …
La circulaire annonce que des évaluations nationales seront mises en place sur échantillon en CM1.
Le terme de “culture de l’évaluation” apparaît, les évaluations nationales deviennent les outils des Recteurs et des DASEN pour orienter leur action et construire accompagnement et formation.
L’évaluation des écoles est « amorcée dans le premier degré ».
Les dédoublements en Éducation Prioritaire se poursuivent. La circulaire de rentrée affirme que le dispositif des dédoublements « a démontré son efficacité », alors même qu’aucun bilan n’a été tiré de ce dispositif et que les résultats des évaluations montrent le contraire. Pour mémoire, pour 6 items sur 8 des évaluations de CE1 en français, les écarts de résultats entre élèves de REP+ et hors éducation prioritaire se sont aggravés depuis 2018.


2. Les autres annonces de la circulaire :

L’école inclusive, les inégalités sociales et territoriales, la laïcité, l’éducation artistique et culturelle, la pratique sportive.

La continuité du plafonnement à 24 dans les classes de GS, CP et CE1 se poursuit.

« Consolider une école pleinement inclusive » : considérant que « la situation s’est considérablement améliorée en quelques années » par la mise en place des PIAL et une continuité des apprentissages du premier au second degré, le ministre veut mettre l’accent sur la relation avec les familles et le lien entre la communauté éducative, collectivités territoriales et secteur médico-social. Pour les AESH, il prévoit de poursuivre leur revalorisation et permettre le travail à temps complet en liant temps scolaire et périscolaire. L’inclusion est essentiellement décrite du point de vue du bien-être et de l’épanouissement, sans affirmation du principe d’éducabilité.


Programme « pHARe » : à l’instar des collèges, les écoles élémentaires devront le mettre en place pour lutter contre le harcèlement. Ce programme prévoit la formation de tous les personnels et des élèves à la prévention et à la lutte contre le harcèlement ainsi que la désignation d’ambassadeurs « Non au harcèlement ».


La pratique musicale et le chant choral sont à développer.


Les 30 min d’Activité Physique Quotidienne seront généralisées dans toutes les écoles de France pour compléter l’EPS.
L’EDD (Éducation au Développement Durable) fera l’objet d’une réflexion du Conseil Supérieur des Programmes. De plus, la publication d’un guide « de sobriété écologique » est prévue et les labellisations E3D encouragées.
La notion de respect est développée dans la circulaire à travers le respect de l’autre mais aussi sous l'angle des discriminations. “La Laïcité” y est abordée comme un “pilier de la République” mais ce sont une nouvelle fois les atteintes à la laïcité qui sont développées. Elles feront l'objet d'une communication nationale désormais mensuelle et un renforcement des équipes valeurs de la république est annoncé.
Des labellisations « égalité » et « diversité » seront étendues pour que l’Education nationale devienne exemplaire dans la lutte contre les stéréotypes de genre.
La circulaire aborde les inégalités scolaires dans le paragraphe “Lutter contre les assignations sociales et territoriales” mais ne prend pour appui que les internats d’excellence et les TER (territoires éducatifs ruraux) dont aucun bilan n’a été fait.
La lutte contre les inégalités apparaît uniquement à travers le prisme de la  logique méritocratique qui s’affirme avec des quotas de boursier·es dans les établissements d’excellence, à rebours des moyens pour lutter partout contre les inégalités scolaires

Du côté des personnels du service public d’éducation, le ministre précise qu’ils « doivent se savoir écoutés, compris et soutenus par l’institution, par ses cadres et par l’ensemble de la société ».
Il maintient et souhaite amplifier les formations continues contraintes que sont les plans français et mathématiques, affirmant que l’organisation en constellations « est largement saluée ». Les EAFC (Écoles académiques de formation continue) sont pour lui « un levier inédit », au service des priorités ministérielles.

Quant aux prolongements de la crise sanitaire, les quelques éléments développés dans cette circulaire questionnent :

L’actualisation des plans de continuité pédagogique pourra s’appuyer sur « une solution pérenne et souveraine de classe virtuelle accessible à tous les professeurs désormais garantie toute l’année ». Alors qu’aucun plan n’a été mis en œuvre pour financer les équipements en matériel informatique des écoles et des familles, l’annonce de cette “solution pérenne” ne précise pas si cela concerne le premier ou le second degré.
une « attention particulière à la santé mentale des élèves » semble le seul effet inquiétant de la crise sanitaire mais rien n’est dit sur les conséquences pédagogiques de la crise qui pourtant s’installent depuis deux ans.

Au final, si le ton change, la continuité reste profonde avec les politiques menées précédemment : renforcement de la contractualisation de l’école, promotion des fondamentaux et dispositifs augmentant le caractère ségrégué du système scolaire, ce qui a pour conséquence des parcours scolaires et des apprentissages différenciés, le recours à l’individualisation…
La circulaire met donc en œuvre la feuille de route annoncée par le Président Macron lors de la campagne présidentielle.
 

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